Copie manuscrite de Candide ou l'Optimisme avec corrections autographes de Voltaire. BnF, Arsenal, MS-3160 |
Faut-il croire que l'utilisation croissante de l'ordinateur par les écrivains condamne le brouillon à disparaître derrière la version finale de chaque texte, état définitif, éternel présent du texte abolissant sa propre histoire ? Dix ans après l'exposition Brouillons d'écrivains, proposée par la BnF en 2001, que sont les brouillons devenus ? Cette exposition qui présentait des manuscrits d'écrivains prestigieux, de Rabelais à Julien Gracq en passant par Hugo, posait déjà la question de la postérité des manuscrits.
Dans l'environnement électronique, quel sort l'auteur et son éditeur réservent-ils à la somme des documents constitutifs du texte en train de s'écrire ? Est-ce à dire que des institutions comme l'Institut des Textes et Manuscrits modernes, qui, en étudiant les manuscrits d'écrivains, s'attachent à reconstituer la genèse de chaque œuvre, à interpréter les biffures, surcharges, repentirs, paperolles, etc., pour éclairer ou réinterroger le texte final, vont devoir se résoudre à voir leur corpus se tarir au tout début du XXIème siècle ? Un travail comme celui – remarquable – effectué par la Ville et l'Université de Rouen sur le manuscrit de Madame Bovary, confrontant phrase par phrase le manuscrit et la version publiée, sera-t-il encore concevable dans le futur, avec les manuscrits électroniques des auteurs actuels ? L'écrivain doit-il, comme François Bon, cultiver l'art de ne pas conserver ses ébauches et s'en remettre à la collecte automatisée du web pour donner à la postérité les moyens de reconstituer la genèse de son œuvre ? Ne peut-on pas, également, chercher à tirer parti des nouveaux outils pour mieux maîtriser l'archivage des différentes versions d'un texte ? Le wiki n'est-il pas alors l'avenir du traitement de texte ? Regardons simplement avec quelle facilité on peut à partir d'un article de Wikipedia, en cliquant sur l'onglet "Afficher l'historique", reconstituer n'importe laquelle des versions antérieures du texte, les comparer entre elles et identifier – au moins par son pseudonyme – l'auteur de chaque ajout, modification ou suppression. Dans ces circonstances, le problème ne serait-il pas plutôt celui d'une forme de droit à l'oubli, ou de la possibilité laissée à l'auteur d'effacer les traits de construction pour mieux affirmer le prestige de l'œuvre finie ?
Autant de questions qui seront abordées dans le cadre de la prochaine rencontre
du Labo :
du Labo :
Que sont les brouillons devenus ?
Avec Pierre-Marc de Biasi, CNRS, et Camille de Toledo, écrivain, animé par Marie-Odile Germain, Département des manuscrits, BnF.
Avec Pierre-Marc de Biasi, CNRS, et Camille de Toledo, écrivain, animé par Marie-Odile Germain, Département des manuscrits, BnF.
Le 19 octobre 2011, de 18h30 à 20h, à la BnF, site François-Mitterrand, Petit Auditorium.
Entrée libre et gratuite !A consulter : Ecritures et brouillons, quelle histoire ? quel avenir ? : bibliographie sélective.
Entre ces 2 extrêmes, Rabelais et François Bon, vous oubliez l'époque pas si lointaine des supports amovibles (disquettes, floppies, etc.) que la BnF héritera peut-être dans quelque don d'auteur. Imagine-t-on un auteur faire don de son I-machin à la BnF ?
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