Pendant un mois, le Labo BnF a présenté le robot Aria développé par Cybedroïd, société spécialisée en intelligence artificielle.
Cette animation était une expérimentation originale spécialement conçue pour la Bibliothèque nationale de France et imaginée, entre autre, pour interagir avec le public en utilisant des contenus sélectionnés dans Gallica (lire notre billet détaillé).
Aujourd'hui, Aria est partie vivre de nouvelles aventures et il est temps pour nous de faire un bilan pointant les réussites, les problèmes et les pistes d'amélioration de cette expérience inédite.
Qui est venu à la rencontre d’Aria et quelles ont été les questions principales ?
Ce sont surtout les étudiants qui sont venus en masse. Ils ont beaucoup échangé avec le personnel de Cybedroïd sur l'avenir de la robotique et l'intégration des nouvelles technologies dans notre société.
Le personnel de la Bibliothèque a lui aussi été intrigué par la présence de ce robot humanoïde à ses côtés et s'est interrogé sur les usages possibles d’un robot en bibliothèque.
Les professionnels de différents secteurs fréquentant la BnF à cette période se sont beaucoup intéressés au robot et à ses perspectives économiques, marquant un intérêt pour le marché de la robotique et ses débouchés.
Enfin, les enfants accompagnés de leurs parents se sont montrés curieux de la présence d'Aria dans cet espace de découverte et ont été sensibilisés à la question de la place des robots dans notre quotidien.
La plupart des visiteurs se sont demandés si les robots pouvaient ou allaient prendre la place des humains et se sont interrogés sur les conséquences que cela pourrait entraîner en termes d'emplois. La majeure partie du public a imaginé et proposé différents scénarios utilisant les robots pour faciliter le quotidien, dans l'aide à la personne et le service à domicile notamment.
Les réactions du public
Aria a suscité tous les types de réactions de la part de visiteurs de tous âges. Majoritairement favorables (mais parfois hostiles aussi) celles-ci ont surtout été le reflet de nombreuses interrogations quant à l'avenir de notre société.
Les enfants en âge de lire ont manifesté un réel émerveillement face aux capacités de "lecture" du robot et n’en ont pas eu peur ; bien que pour certains d'entre eux, Aria avait un peu trop « une tête de mort ». De manière générale, c’est l’aspect physique du robot qui a dérangé le public (trop squelettique, aspect rigide, etc.). En revanche, sa voix féminine a atténué ce ressenti négatif et a plu à la majorité des visiteurs.
Les manques, les problèmes constatés et les pistes d’amélioration
Les personnes venues à la rencontre d'Aria ont regretté qu’elle ne marche pas et ne puisse pas les conduire dans les couloirs de la Bibliothèque. Certains ont aussi trouvé l'interaction trop limitée et auraient aimé pouvoir tenir une véritable conversation avec elle, que leurs échanges puissent sortir des scénarios prévus et des phrases pré-enregistrées, donnant parfois au robot un air de « perroquet ».
Lorsqu’il y avait trop de monde autour d’elle, la reconnaissance visuelle ne fonctionnait pas correctement. L'éclairage du Labo a également perturbé certaines des actions prévues initialement ; ce qui a conforté les équipes dans le fait qu'une phase de test in situ était indispensable pour pouvoir adapter le robot à son environnement réel.
Les textes choisis dans Gallica étaient un peu trop longs. L'attention du public se perdait assez rapidement et celle d'Aria aussi ! En effet, le robot ayant été programmé pour déclamer pendant 1 min 30 maximum et pour enchaîner ensuite sur une question posée aux visiteurs, si l'extrait choisi était plus long, le texte se retrouvait coupé de façon peu opportune. Toutefois, ces coupures intempestives ont parfois donné lieu à des scènes cocasses qui ont beaucoup amusé les visiteurs.
Les techniciens chargés de programmer le robot ont constaté pour leur part que ce qui marchait bien techniquement (dans les lignes de code) n’avait pas toujours pour autant un résultat satisfaisant dans le réel, d’où l’importance de cette expérimentation.
Le tour de force technique réalisé lors de cette présentation a surtout résidé dans le fait que c’était la première fois que le robot était exploité de façon intensive (5 jours sur 7 et 8h par jour). Un seul « cerveau » (c'est-à-dire "moteur") sur 30 a grillé en 30 jours, ce qui, selon les spécialistes, est un beau résultat.
Pour finir sur ce retour d’expérience, nous donnerons la parole à Fabien Raimbault, PDG de Cybedroid, qui, interviewé par le journal Planète Robot a déclaré : « Je crois que l’équipe en charge du labo de la BNF est à la fois heureuse et déçue. Déçue parce que le robot ne fait pas tout ce que nous souhaitions faire mais la saison 2012/2013 a été particulièrement rude pour Cybedroïd et ils le comprennent. Heureuse parce que... Flute... Quand le machin est devant vous est là et gigote... Bah voilà, c’est autre chose qu’un concept !!! Oui la bestiole n’interagit, pas comme nous le souhaitions, mais c’est aussi bien plus qu’un automate ! Le public est fasciné par le robot et nous, nous sommes fascinés par le robot... mais aussi par le comportement du public à son égard.
Nous avons beaucoup, si ce n’est énormément appris. Et que je sache, combien de robots humanoïdes sur la planète ont fonctionné un mois non-stop, tous les jours, en public ??? […] un robot qui fonctionne aussi longtemps en libre accès là où ils sont habitués à voir des chorégraphies de 15mn toutes les deux heures... Enfin, concernant la coque... Que dire... Je sais que ni la BNF, même si cela n’a pas été dit, ni nous ne sommes heureux de cette coque ! Nous avons rencontré de graves problèmes cet hiver pour réaliser une coque “top-gun”. Il faut savoir que la partie de nos ateliers où nous réalisons les coques n’est pas chauffée et le plastique s’accommode mal à des températures inférieures à 0. Nous avons donc juste limité la casse. Il a été très dur pour nous d’accepter de présenter le robot ainsi mais ainsi va la vie. Quoi qu’il en soit, une nouvelle coque standard, radicalement différente, est en cours de préparation. Au final, même si les gens ont mis un certain temps à s’y faire, il semblerait malgré tout que cette coque ait ses adeptes !!! »
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